Autrefoıs Le Vın
À l’époque de la Rome Antique, on raconte que Romulus et Rémus furent nourris par le lait d’une louve. À cette période, boire du vin était un privilège exclusivement masculin. Les hommes avaient même le droit de divorcer s’ils surprenaient leurs épouses en train de boire. Heureusement, cette pratique sexiste a été abandonnée avec le temps, et Bacchus fut célébré, permettant au vin de se démocratiser.
Le vin consommé alors diffère grandement de celui d’aujourd’hui. Les Romains préféraient le vin blanc et ne cultivaient pas de raisins noirs. Ils avaient une prédilection pour une variété nommée Falerne, originaire de la région du Vésuve. Les esclaves étaient chargés de la récolte et du broyage des raisins, dont le jus était recueilli dans de grands vases en terre appelés Dolia. Contrairement à la fermentation naturelle moderne, les Romains y ajoutaient divers ingrédients : coings, fleurs d’iris, petits pois, résine, safran, cannelle pour parfumer le vin, plâtre ou sel pour en augmenter l’acidité, et même de la poudre de marbre pour la réduire. Après 36 jours de fermentation, les vases étaient nettoyés des impuretés en surface avant le vieillissement du vin.
Les Français ont réussi à perfectionner ce processus de vieillissement au XVIIIe siècle, avec l’utilisation des bouteilles en verre. Toutefois, la qualité du vin fourni aux soldats durant la Première Guerre Mondiale était loin d’être exceptionnelle. La ration journalière, passée de 25 cm3 à demi-litre, consistait souvent en un vin dilué, parfois proche du vinaigre.
Depuis, la viniculture a considérablement progressé. Fini le temps où l’on ajoutait des ingrédients aléatoires pour parfumer le vin ; aujourd’hui, seuls les sulfites sont ajoutés pour empêcher la prolifération des microbes. Les contrôles de qualité sont stricts et mentionner les additifs d’antan suscite souvent l’incrédulité.
Malgré ces changements dans les additifs, notre affection pour le vin reste constante. Comme l’exprimait le grand poète du XXe siècle, W.B. Yeats : « Le vin se boit par la bouche et l’amour se boit par les yeux ; c’est tout ce que nous saurons avant de vieillir et de mourir ». L’exactitude de cette affirmation, comme le suggère Yeats, est laissée à votre appréciation. Si, comme il le décrit, vous soupirez en regardant votre bien-aimé tout en portant un verre de vin à vos lèvres, il n’est pas difficile de lui donner raison.